Président Salah Al-Ghamry Rédacteur en chef Mohamed Salmawy |
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Visite . Aux alentours du lac Qaroun, dans le Fayoum, l’artiste Mohamad Abla vient d’installer l’Académie hivernale des arts. Professionnels, étudiants et amateurs viennent d’y effectuer un stage de deux semaines pour échanger des idées. Au repaire des artistes Utopique. C’est ainsi que l’on peut qualifier le rêve du peintre Mohamad Abla, lequel est devenu réalité au bout de trois mois, à savoir : le Centre international des arts au Fayoum. « L’idée est de regrouper sur place des artistes confirmés, des étudiants et des amateurs d’art, de façon à favoriser une certaine interaction entre eux en toute liberté, sans aucune contrainte et sans tarifs. Les étudiants ne payent pas leurs stages et les artistes professionnels ne touchent non plus de l’argent en contrepartie de leur présence », souligne Abla. En effet, l’Académie des arts est l’une des activités du centre que Abla compte animer en invitant poètes, romanciers et autres ... Pendant le stage de deux semaines, récemment tenu dans cette Académie d’hiver, chacun dispose de ses matériaux. Les étudiants sont logés, à leur charge, dans un hôtel à deux minutes du centre. Et les artistes sont hébergés gratuitement par Mohamad Abla, dont le projet non lucratif lui a coûté environ 600 000 L.E. « A 6 heures du matin, on se réveille pour aller au souk et acheter de quoi faire le petit-déjeuner. Vers 9 heures, on se met à travailler jusqu’à 14h. Parfois, on décide de se rendre dans le désert, ou de faire une excursion près du lac Qaroun ... une manière d’enrichir ses constatations sur l’entourage. A 20h, on visionne un documentaire sur l’art ou un film intéressant pour enchaîner ensuite le débat », explique Abla, qui a réussi à fournir aux visiteurs une bibliothèque variant les domaines de la connaissance. Cette idée de dialogue et d’échange a toujours fait rêver Abla. Lorsqu’il a enseigné à l’Académie des arts de Salzboug, une question l’obsédait : « Pourquoi cherchons-nous toujours à partir vers l’étranger en quête de liberté, de nouvelles idées, etc. Pourquoi n’essaye-t-on pas de les trouver chez nous ? ». Le peintre avait décidé depuis des années d’échapper au Caire et au Delta et d’acheter une parcelle de terre au Fayoum. « Convaincu et motivé par les paroles de Paulo Coelho qui a dit dans l’une de ses œuvres, qu’une fois qu’on croit à une idée, toute la nature s’unit pour la réaliser, j’ai mis le projet en marche ». Une petite annonce via Internet et quelques courriels envoyés à des amis et le projet a démarré par une dizaine d’étudiants et d’amateurs. Partage sans contrainte Il suffit, d’ailleurs, de prendre la direction du lac Qaroun jusqu’à l’entrée de Wadi Al-Rayane pour atteindre le village de Tunis, réputé comme étant celui des artistes (soit à 120 km du Caire). A quelques mètres de l’entrée, deux palmes juxtaposées et un petit panneau en bois indiquent : le Centre international des arts. Sur une superficie de 9 000 mètres carrés, ce centre construit en brique crue se distingue de par sa simplicité, rappelant le style Hassan Fathi. Une grande coupole en brique crue paraît au loin, ainsi que deux bâtiments : celui du grand atelier et celui abritant la bibliothèque et la salle de projection. Le village de Tunis a plus de 50 ans et était connu auparavant sous le nom de Abaadiyet Wali (la ferme des dignitaires Wali). Il y a environ 25 ans, une dizaine de familles s’y sont installées. « Donnant sur le lac Qaroun, à proximité des cascades de Wadi Al-Rayane, et à quelques mètres du désert, ce centre constitue un cadre idéal pour la création », explique Abla. Des artistes et amateurs, de nationalités différentes et de tranches d’âges variées, passent ici et là. Ils échangent quelques mots ou se regroupent devant une peinture, etc. « Cette expérience m’a été vraiment fructueuse puisqu’on a le temps d’échanger les idées et les expériences sans aucune contrainte », indique Héba Al-Hadid, étudiante jordanienne en beaux-arts, qui a pris connaissance du projet grâce à ses professeurs de l’Université d’Amman. Katharina Papst, étudiante en première année à l’Académie des arts à Munich, apprécie cette possibilité de donner libre cours à son imagination dans une ambiance conviviale, loin de la rigidité théorique. Et Mohanad Taurmane, autre étudiant jordanien en beaux-arts, trouve que la nature leur a inspiré de nouvelles expériences picturales. Ainsi, il s’avère naturel de trouver une œuvre narrant l’épluchure d’oranges ou de palmes, (les œuvres réalisées seront exposées au Caire à la galerie Portrait le 10 mars prochain). « Au début, certains jeunes étaient choqués d’être face à face avec la nature. Peu à peu, ils y ont pris pied et compris pourquoi Van Gogh s’est installé au Sud de la France », précise Hakim Jamaeïn, professeur de gravure à l’Université d’Amman. Pour maintenir son projet, Abla ne sollicite pas l’aide de l’Etat et se contente de dire : « Certains décident de construire des mosquées, moi j’ai décidé de bâtir un centre d’art ». Lamiaa Al-Sadaty |
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